UE, concurrence déloyale et compagnies du Golfe

D’après un communiqué publié vendredi dernier par le Cabinet du Secrétaire d’Etat chargé des Transports, la France et l’Allemagne demandent à la commission d’agir afin de restaurer une concurrence loyale avec les 3 compagnies du Golfe que sont Emirates, Etihad et Qatar Airways.

Les Pays-Bas, la Belgique, la Suède, l’Autriche mais également les Etats-Unis ont apporté leur soutien à cette démarche car à l’heure actuelle, les droits de trafic aérien entre l’Europe et le Golfe sont régis par des traités bilatéraux d’Etat à Etat et diffèrent donc d’un pays membre à un autre.

Des subventions astronomiques

Une étude a donc été commandée aux Etats-Unis afin de faire la lumière sur le montant exact des subventions dont ont bénéficié les 3 compagnies du Golfe depuis une dizaine d’années. Et ce montant s’élève à un niveau qui dépasse l’entendement, les subventions reçues par les compagnies ayant dépassé les 42 milliards de dollars sur 10 ans. Etihad détient la première place du podium avec 18 milliards perçus entre 2004 et 2014. Puis vient ensuite Qatar Airways avec 17.5 milliards suivie par Emirates (6.8 milliards).

Une concurrence déloyale

Ces subventions prennent plusieurs formes : prêts sans intérêts, avances des actionnaires, fournitures non facturées, contrats de couverture carburant transférés aux gouvernements …  Mais le résultat demeure inchangé : d’après certains observateurs, ces compagnies ne seraient pas viables sans leurs subventions. De plus, les grandes compagnies européennes comme Lufthansa ont vu leur part de marché diminuer de l’ordre de 30% sur les vols long-courrier à destination de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est tandis que les hubs des compagnies du golfe ont enregistré une hausse de fréquentation de 340%.

Un cauchemar pour l’UE

De leur côté, les compagnies du Golfe sont les plus dynamiques du monde grâce à des ressources financières illimitées mais aussi grâce à un service à bord d’une qualité exemplaire. Qualité que les compagnies européennes ont malheureusement bien du mal à fournir. De plus, avec la création de liaisons supplémentaires et les commandes d’Airbus (dont les 3 compagnies sont les 3 premiers clients), les compagnies du Golfe ont un argument de poids dans la balance des négociations. Paris et Berlin demandent donc à Air France et Lufthansa de faire preuve de retenue. Et comme dans la plupart des cas dans de telles situations, les passagers risquent une nouvelle fois de payer les pots cassés à leurs dépens.

Ecrit par l'équipe de Vol-Retardé.be