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Caméras dans les cockpits : les avis divergent

mercredi 15 avril 2015

Après la récente tragédie du vol Germanwings le mois dernier qui a fait 150 victimes, le débat des caméras à l’intérieur du cockpit est de nouveau remis sur la table.

Des enregistreurs de vol (les fameuses « boîtes noires ») sont déjà présents dans les appareils. Ces boîtes enregistrent les communications ainsi que les paramètres et données de vol permettant alors aux enquêteurs de comprendre les causes d’une catastrophe aérienne. Cette enquête permet ensuite de faire des suggestions ou bien des recommandations auprès des autorités compétentes dans le but d’éviter que de telles tragédies se reproduisent à l’avenir.

La caméra, une volonté de longue date

Dès le début des années 2000, le NTSB (l’équivalent de notre BEA français) a publié des recommandations afin d’équiper les cockpits des appareils commerciaux d’enregistreurs vidéo en plus des « boîtes noires » déjà présentes. Ce souhait faisait suite à de nombreux accidents à propos desquels il manquait des informations sur les faits et gestes de l’équipage ainsi que sur ce qui se passait à l’intérieur du poste de pilotage. Ces caméras permettraient selon le bureau d’enquêtes américain de confirmer certaines données obtenues à partir de l’analyse des boîtes noires, notamment lors de la catastrophe du vol AF447 Rio-Paris en 2009.

Les pilotes s’y opposent

Les pilotes, qui seraient les premiers concernés par une telle mesure, s’y opposent. Différentes associations ont en effet déclaré que les caméras n’apporteraient pas plus de réponses aux enquêteurs. Et même si, en apparence, cette mesure semble justifiable et justifiée, cela pourrait induire les enquêteurs en erreur au cours de leurs investigations du fait de la nature très subjective de l’interprétation qui est faite de ce genre de données : En se basant sur une analyse vidéo, les enquêteurs ne seraient pas en mesure d’affirmer précisément si l’un des pilotes approchant sa main d’une commande va réellement l’actionner ou non. Alors que les boîtes noires qui enregistrent jusqu’à 1300 paramètres seront en mesure de fournir la réponse exacte à cette question.

Une intrusion dans la vie privée des pilotes

L’IFALPA (International Federation of Air Line Pilots’ Associations) qui regroupe près de 100.000 pilotes et ingénieurs répartis dans environ 100 pays a exprimé son désaccord vis-à-vis de cette mesure en début de semaine. La Fédération s’appuie sur une publication de la CAA (Civil Aviation Authority) britannique qui est l’équivalent de notre DGAC. Cette publication qui date de 2006 montre que les données visuelles sont sujettes à caution car elles peuvent conduire à une interprétation erronée.  De plus l’IFALPA attire également l’attention sur le fait que les équipages se focalisent davantage sur la prévention des erreurs comportementales plutôt que sur le pilotage, la prise de décision et la résolution des problèmes lorsqu’ils sont filmés.

Une crainte de fuites dans les médias et sur le net

Avec le développement de l’internet, les informations circulent bien plus rapidement qu’avant et les pilotes redoutent également une mauvaise utilisation de ce genre d’enregistrement afin de satisfaire un grand public en perpétuelle recherche d’images à sensation. Ce qui fût par exemple le cas lors de l’enquête sur le crash Germanwings le mois dernier : les enregistrements audio auraient en principe dû demeurer secrets selon la déontologie. Un pilote déclarant à ce sujet : « Je ne veux pas que mon épouse, mes enfants ni mes petits enfants ainsi que des millions d’étrangers soient en mesure de me voir mourir ».

Quelles alternatives ?

D’autres pistes que la mise en place d’enregistrements vidéo existent. Une idée serait de pouvoir transmettre en direct les données enregistrées par les boîtes noires à une station au sol. Ce procédé permettrait en outre de pouvoir localiser un appareil disparu. Une autre piste serait de prolonger la durée de vie des batteries afin que les boîtes noires puissent émettre un signal de localisation pendant plus longtemps. L’idée de boîtes noires déployables, comme c’est déjà le cas dans l’aviation militaire, a également été évoquée.

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