Précarisation de l’emploi de pilote de ligne chez les jeunes

vendredi 20 février 2015

Triés sur le volet et formés dans des écoles de prestige, les jeunes diplômés subissent les difficultés financières des compagnies aériennes. Expatriation, achat d'heures de vol, petits boulots... Ils bricolent pour réussir à voler de leurs propres ailes.

Un état des lieux alarmant

Le phénomène tend à se démocratiser depuis la crise de 2007. D’après une étude belge publiée il y a une semaine, environ 1 pilote sur 6 ne travaillerait pas directement pour une compagnie aérienne mais pour des agences de travail temporaire ou bien sous la forme de contrats à la demande sans aucune garantie de salaire minimum. L’étude, réalisée sur environ 6000 participants, montre que ce problème touche particulièrement les jeunes pilotes de moins de 30 ans où la proportion atteint les 40%. Et bien-entendu, impossible de faire correctement son travail quand on ne sait pas si l‘on va pouvoir joindre les deux bouts à la fin du mois.

Quelles possibilités pour les jeunes pilotes ?

Les jeunes pilotes n’ont alors pas beaucoup d’options qui s’offrent à eux, la faute à des compagnies européennes en pleine restructuration après la crise de 2007. Ils sont, pour certains, obligés de « subventionner » leur propre formation en payant des compagnies pour voler sur leurs appareils afin d’acquérir de l’expérience mais également de conserver leur licence de pilote. D’autres s’expatrient en Asie ou le marché grandissant requiert toujours plus de nouveaux pilotes. Enfin, certains jeunes diplômés acceptent de travailler bénévolement pour des compagnies.

Un malaise qui risque de perdurer si rien n’est fait

Et les compagnies peu scrupuleuses profitent des lacunes et du manque d’harmonisation de la législation en Europe au niveau du droit du travail et de la sécurité sociale. Cette situation pose par ailleurs plusieurs interrogations en termes de sécurité mais aussi car cela constitue une fuite des connaissances et savoirs-faire et l’on peut, dans une certaine mesure, considérer que le métier de pilote de ligne fait désormais partie des emplois dits précaires. Le mythe du commandant de bord tel qu’on le connaissait autrefois laisse maintenant place à une toute autre, et bien plus sinistre, réalité.

Tant que la sécurité des vols ne s’en ressentira pas, tant qu’une série d’accidents aériens n’aura pas été imputée au mal être de pilotes qui n’arrivaient pas à boucler leurs fins de mois, la situation continuera à se dégrader. Tant que le premier critère de choix d’un passager aérien demeurera le prix du billet, il y aura des pilotes précaires dans les cockpits.

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